Loin de moi l’idée de m’embarquer dans les méandres du débat
qui, du reste, demeure sans réponses absolues depuis des siècles, voire même
depuis que le peuple juif existe. Les Juifs entre eux n’arrivent déjà pas à se
mettre d’accord, que dire alors de celles et ceux qui voudraient les
départager ?... La question de l’identité est un sujet éminemment
existentiel et il est un vrai miracle – et je pèse mes mots - que la dispute sans
fin n’ait pas conduit, depuis le temps, à la disparition pure et simple du peuple
juif.
On peut affirmer cependant que dans l’identité juive entrent
en fin de compte le plus souvent la filiation par le père ou la mère, la
circoncision et une certaine transmission de l’identité ancestrale. Cette
dernière a pu être parfois altérée, dissimulée. Certains ajouteront encore à ces
différents points de vue une certaine pratique du judaïsme.
L’identité peut se résumer alors à des critères
généalogiques, physiques (pour les garçons) et une certaine conscience
pratique, voire un sentiment d’attachement à la communauté d’Israël.
Quelques-uns trouveront peut-être mon explication lapidaire et
un peu réductrice. Qu’importe ! En fait, je souhaitais surtout arriver à
ce qui me semble incongru et qui mérite d’être démystifié. C’est ainsi que j’ai
entendu des personnes évoquer l’idée de « vrai et faux Juif », de « Juif
complet », et même du statut de « Juif spirituel » (à opposer au
Juif charnel). En fait, il convient
de bien s’entendre sur ce que l’on met derrière les mots sans s’égarer dans des
conclusions hâtives et erronées.
Deux versets viendront illustrer notre propos : Romains
2 :28 et 29.
Le Juif, ce n’est pas celui qui en a les apparences ; et la
circoncision, ce n’est pas celle qui est apparente dans la chair. Mais le Juif,
c’est celui qui l’est intérieurement ; et la circoncision, c’est celle du
cœur, selon l’esprit et non selon la lettre. La louange de ce Juif ne vient pas
des hommes, mais de Dieu.
L’apôtre ici n’est pas en train de tenir un discours d’ordre
anthropologique ou cherchant à définir les contours d’une ethnie juive. Il
souligne ici que les « apparences » ne témoignent pas toujours en
faveur d’une spiritualité exemplaire. Pour celui qui revendique comme un
« privilège » - dont il s’attribuerait presque le mérite – le fait d’appartenir
au peuple juif ou qui ferait de « sa » circoncision un
« droit » d’accès à la présence divine, l’apôtre Paul oppose le
témoignage « invisible » du cœur entièrement dévoué à Dieu et d’une circoncision du cœur, bien plus élevée,
que celle qui est dans la chair. Le Juif – le Yéoudi – est étymologiquement celui qui rend une louange à Dieu. Il convient donc de comprendre que le
« vrai » Juif, c’est celui qui rend une « vraie » louange à
Dieu.
En la matière, le non Juif qui s’attache au Dieu d’Israël
devient un véritable adorateur de Dieu et est placé, au regard de Dieu, sur un
plan de stricte égalité en ce qui concerne le Salut. Nul besoin alors de
« devenir » juif ou de se faire circoncire afin d’accéder à Dieu.
D’une certaine manière, il est alors un « yéoudi », un louangeur de Dieu.
Qu’est-il besoin alors pour le non-Juif de « se
faire » Juif ou même de se « proclamer » vrai Juif ?... Nul de toute manière. Si la tentation est
grande, elle tient à l’orgueil naturel de l’homme qui veut, chaque fois que
cela est possible, s’attribuer des mérites qui ne lui appartiennent pas. Pour
le Juif, sa circoncision et son ascendance ne lui serviront de toute façon à rien
si son cœur n’est pas lui-même circoncis
(Jérémie 4.4). Va-t-on se battre pour revendiquer une plus grande spiritualité
en se réfugiant derrière le statut de Juif ?...
Paul, quelques chapitres plus loin, poursuivra sur le statut
du non-Juif qui accède au Salut (Romains 11). Celui-ci est greffé sur l’olivier naturel.
Son statut procède de l’adoption,
terme qui n’enlève en rien l’amour que Dieu porte au non-Juif. Cependant, pour
le Juif qui a été arraché en raison
de son incrédulité, il y a encore de l’espérance et, s’il revient à Dieu, il
retrouvera sa place naturelle sur l’olivier
qui est sien.
Les chrétiens de Rome s’imaginaient beaucoup de choses
fausses au sujet d’Israël – mais il n’est pas le temps ici de développer tout
cela. Ils croyaient entre autre que l’Eglise, en particulier les croyants
non-Juifs, se substituait à Israël dans le plan prophétique de Dieu. Ils
pensaient pouvoir se définir comme les « véritables Juifs » au
détriment des Juifs selon la chair. La Bible est cependant claire et il n’y a
pas lieu de se chamailler les uns au dépendant des autres. Dieu ne se trompe
pas quand il a fait les uns « Juif » et les autres
« non-Juif ». Ce qu’on y ajoute vient du malin. Il aime les uns comme
les autres et dans l’Eternité qui se souciera encore de ces choses ?... On
ne choisit pas d’être juif ou non-juif, on est ce que l’on est. Mais en ce qui
concerne le Salut, le choix nous appartient toujours ; un choix que
personne ne fera à notre place.
1
Corinthiens 7.18-20
Quelqu’un a–t–il été appelé étant circoncis, qu’il demeure
circoncis ; quelqu’un a–t–il été appelé étant incirconcis, qu’il ne se fasse
pas circoncire. La circoncision n’est rien, et l’incirconcision n’est rien,
mais c’est l’observation des commandements de Dieu (qui compte). Que chacun
demeure dans l’état où il était lorsqu’il a été appelé.
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