vendredi 29 mars 2013

Le scandale de la croix… jusqu’en Arabie !

Certes, en ce vendredi saint de la Pâque chrétienne, il est de bon ton de parler de la croix, celle qui fit scandale lors de la crucifixion de Yéchoua’. Je n’entrerai pas dans la polémique du jour effectif où Yéchoua’ a été crucifié, sans doute pas le vendredi. Mais bon ! Les traditions ont la vie dure et finalement, le plus important pour les Chrétiens est encore l’évènement en tant que tel, même s’il est rare hélas d’entendre aujourd’hui l’explication du lien formel entre la Pâque juive – Pessa’h – et la Pâque Chrétienne, l’enracinement de la seconde dans la première, sans lequel le « tout est accompli » prononcé sur la croix n’a que peu de sens. Cette lacune peut pour certains être déjà en soit un « scandale » à dénoncer, mais là n’est pas mon propos dans cet article.

Si la croix fit scandale bien entendu en son temps, comme encore maintenant, ce n’est pas uniquement en raison de la cruauté du « procédé ». La crucifixion était hélas monnaie courante à cette époque. C’est bien parce que l’on a cloué en croix un homme innocent. Bien plus, le Messie d’Israël, le Fils de Dieu, le roi d’Israël.
Quand on y songe, les circonstances entourant la mort de Yéchoua’ sont déjà exceptionnelles (les ténèbres à midi, le tremblement de terre, des morts qui reviennent à la vie…), des circonstances qui ont certainement alimenté la « page » des faits divers plus longtemps que d’ordinaire à Jérusalem. Mais c’est assurément la résurrection de Yéchoua’ qui a changé la perspective de l’évènement et donné aux disciples matière à perpétuer le souvenir de cette mort, associée ensuite à la résurrection.

C’est que justement, la mort sur la croix était un programme annoncé et prévu depuis longtemps. Le « Tout est accompli » raisonne comme la déclaration formelle et inattendue du condamné que la rédemption de l’humanité passait par les souffrances et la mort d’un innocent, Dieu proclamant trois jours après, par la résurrection, accepter le prix payé pour notre Salut.
Dirigeants juifs et romains (non-Juifs) croyaient être au « contrôle » de l’évènement et voilà que c’est Yéchoua’ qui en a la maîtrise du début à la fin. Car c’est lui qui donne sa vie. Personne ne la lui prend. Cela n’enlève en rien leur culpabilité, mais démontre la souveraineté divine au-delà des apparences.

De nos jours, on pourrait imaginer que la crucifixion fasse partie des supplices appartenant à un passé révolu. Il n’en est rien. En Arabie Saoudite, pays où il n’est pas possible d’afficher, même en toute petite taille ou sur votre Bible parmi vos effets personnels, un signe de croix rappelant la mort de l’innocent, du Messie sauveur, à plusieurs reprises ces dernières semaines, des jeunes gens ont été condamnés à la mort par crucifixion. Même si finalement le châtiment a été commué en exécution par un peloton de soldats (Et oui ! Même les bourreaux se font rares en Arabie.), il demeure fort étonnant que la croix, honni comme signe religieux, soit à l’ordre du jour pour appliquer la peine capitale.
Le dernier homme à avoir été ainsi condamné de la sorte est un dignitaire chiite. Le motif de sa condamnation : activité subversive (contre le pouvoir et donc le roi) et « fomenter une guerre contre Dieu ».

Il en est un autre, Yéchoua’, pour lequel le motif de la condamnation a été presque aussi semblable. Tout était écrit sur un panneau, lui-même cloué sur la croix. La même mention en Hébreu, en Latin et en Grec, histoire que le passant sache pourquoi on infligeait un tel supplice à l’homme ainsi condamné. « Yéchoua’ Hanotsri OuMélè’h Ha’Yéoudim ». Ce qui signifie : « Yéchoua’ de Nazareth, Roi des Juifs ».
En Hébreu cependant, la première lettre des 4 mots sont dans l’ordre : Yod, Hé, Vav, Hé. Ce qui désigne le Tétragramme, le nom même de Dieu, l’Eternel. Pilate en faisant inscrire ces mots ne s’imaginait pas qu’il était en train de mettre en croix Yéchoua’ (nom qui signifie sauveur), le Roi des Juifs, l’Eternel Dieu. Un vrai scandale !

Et comme Yéchoua’, cloué sur la croix, priait son père : Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! – et il ne fait aucun doute qu’il a été entendu – je prie que ces saoudiens – et ceux qui leur ressemblent – comprennent le sens de la croix qui fait scandale !
G.A.

mercredi 13 mars 2013

Le Michal du semeur... (1)

A y regarder de près, les Evangiles sont souvent le récit d’histoires pour le moins étonnantes qui n’ont d’autre but que de communiquer et rendre concret un enseignement pour la vie quotidienne des auditeurs et spectateurs du Messie qui de village en village guérit des malades, multiplie des pains, change de l’eau en vin, délivre des démoniaques et accueille des laissés pour compte.

Yéchoua’ est à la fois un faiseur de miracles, mais aussi un formidable conteur d’histoires que dans la tradition juive nous appelons des midrashim (pluriel de midrash). Il ne fait en réalité que suivre les méthodes des rabbanim qui, pour enraciner leurs paroles dans les cœurs de leurs talmidim (disciples), illustraient par de petites histoires tel ou tel aspect pratique de leurs enseignements.

Parmi ces dernières, il en est une à laquelle nous nous attarderons plus particulièrement. Il s’agit de la parabole (michal en hébreu) du semeur que l’on retrouve notamment dans l’Evangile de Matthieu (13):

4  Le semeur sortit pour semer. Comme il semait, quelques (grains) tombèrent le long du chemin ; les oiseaux vinrent et les mangèrent.
5  D’autres tombèrent dans les endroits pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre : ils levèrent aussitôt, parce qu’ils ne trouvèrent pas une terre profonde ;
6  mais, quand le soleil se leva, ils furent brûlés et séchèrent faute de racines.
7  D’autres tombèrent parmi les épines : les épines montèrent et les étouffèrent.
8  D’autres tombèrent dans la bonne terre : ils donnèrent du fruit, un (grain) cent, un autre soixante, un autre trente.
9  Que celui qui a des oreilles entende.

Voilà une brève histoire dont il nous faut remonter le fil pour en comprendre tout le sens. Yéchoua’ a dans le chapitre précédent été confronté à une vive opposition des pharisiens qui sont allés jusqu’à l’accuser de faire l’œuvre du diable (12.24) et le prendre pour Belzébul. Le royaume de Dieu est à ce stade présenté par Yéchoua’ comme l’instauration du royaume messianique (Matthieu 5) dont il en est lui-même le roi-messie.

L’avènement du royaume de Dieu, ou des cieux, est en réalité la constitution d’un peuple sur la base d’hommes et de femmes qui suivent le Messie. Si les disciples de Yéchoua’ espéraient plus ou moins secrètement voir l’établissement ou la restauration du royaume de David (il faut se souvenir qu’ils sont sous occupation romaine), à ce stade, il n’en est rien. Le message de l’Evangile s’adresse d’abord au cœur de l’homme qui a besoin d’être purifié (Luc 11.38 à 42) et sanctifié.

Yéchoua’ ne laisse cependant pas ses disciples sans réponse au sujet de la restauration du royaume d’Israël encore à venir et, après la résurrection, il répondra si l’on peut dire à leur question : Actes 1.6.

6 Eux donc, réunis, demandèrent : Seigneur, est–ce en ce temps que tu rétabliras le royaume pour Israël ?
7  Il leur répondit : Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité.
8  Mais vous recevrez une puissance, celle du Saint–Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre.

Chaque chose donc en son temps. Le verset 8 laisse entendre d’ailleurs que la priorité des disciples va à l’annonce du royaume et à l’invitation de tout homme à se repentir pour suivre le Messie Yéchoua’ afin d’échapper au jugement à venir.

Dans cette première série d’histoires, Yéchoua’ jette les bases qui permettent d’accéder au royaume. Au-delà de la simplicité apparente de l’image agricole, l’objectif final est bien entendu la mise en pratique des conclusions du message. Que celui qui a des oreilles entende n’est autre qu’une pressante invitation à ne pas en rester là, mais à chercher à comprendre comment devenir un disciple du Messie, un citoyen de ce royaume.

L’interprétation du michal est d’autant plus facilitée que Yéchoua’ donne lui-même les clés de lecture de son midrash.

18  Vous donc, écoutez (ce que signifie) la parabole du semeur.
19  Lorsqu’un homme écoute la parole du royaume et ne la comprend pas, le Malin vient et enlève ce qui a été semé dans son cœur : c’est celui qui a reçu la semence le long du chemin.
20  Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie,
21  mais il n’a pas de racine en lui–même, il est l’homme d’un moment et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute.
22  Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole mais en qui les soucis du monde et la séduction des richesses étouffent la parole et la rendent infructueuse.
23  Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la parole et la comprend ; il porte du fruit et un (grain) en donne cent, un autre soixante et un autre trente.

Yéchoua’ s’adresse ici en aparté à ses disciples et leur livre le sens de ses paroles. La semence n’est autre que la Parole du royaume du Messie qui est partagée avec les hommes. Or il semble que tous ne la reçoivent pas de la même manière et seuls quelques-uns finissent par accepter le message pour porter du fruit, les uns peu, les autres beaucoup. L’essentiel étant de porter du fruit. Mais de même que dans un champ bien des obstacles peuvent empêcher les graines d’arriver à germer et fructifier, il en va également de la parole semée. Il y a d’abord le Malin, c’est-à-dire le diable qui vient enlever ce qui a été semé dans le cœur de celui qui ne la comprend pas (v19.). Luc, dans son propre récit (Luc 8.5 et 12), nuance ses phrases avec des mots un peu différents qui permettent de comprendre que ces premiers auditeurs de la Parole n’accueillent pas cette dernière comme il conviendrait. Ils la foule aux pieds, rejetant son contenu. C’est ainsi que le diable enlève de leur cœur ce qui a été semé.

Les seconds accueillent la Parole avec joie, mais ils sont trop versatiles et abandonnent la partie dès que survient la première épreuve. La foi ne passe pas le cap de la persévérance et la bonne volonté s’éteint sans avoir franchi le premier pas vers la sanctification.

Les troisièmes sont des graines que la lumière ne parvient pas à atteindre, étouffées qu’elles sont par les soucis de ce monde et l’attrait des richesses. Sans contact avec la lumière, ces dernières ne portent aucun fruit.

Seules les dernières graines, quelques-unes seulement, atteignent toutes les conditions pour enfin porter du fruit. La Parole s’enracine dans les cœurs et y trouve bon accueil et l’espace nécessaire pour fructifier et faire la joie du semeur. Seule compte en définitive la semence qui germe pour porter du fruit.

Que faut-il comprendre de ce michal au-delà des mots et des évidences du texte et de ces explications ?... C’est que le contexte de la parole de Yéchoua’ est assez surprenant et peut éventuellement être mal compris. Entre la parole et son explication, le récit de Matthieu évoque un questionnement des talmidim et une réponse plutôt énigmatique du maître.

10  Les disciples s’approchèrent et lui dirent : Pourquoi leur parles–tu en paraboles ?
11  Yéchoua’ leur répondit : Parce qu’il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux, et qu’à eux cela n’a pas été donné.
12  Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a.
13  C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient pas, et qu’en entendant ils n’entendent ni ne comprennent.
14  Et pour eux s’accomplit cette prophétie d’Ésaïe : Vous entendrez bien, et vous ne comprendrez point. Vous regarderez bien, et vous ne verrez point.
15  Car le cœur de ce peuple est devenu insensible ; Ils se sont bouché les oreilles, et ils ont fermé les yeux, De peur de voir de leurs yeux, d’entendre de leurs oreilles, De comprendre de leurs cœurs, Et de se convertir en sorte que je les guérisse.
16  Mais heureux sont vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles, parce qu’elles entendent.
17  En vérité je vous le dis, beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous regardez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.

A première vue, Yéchoua’ semble indiquer que parmi son auditoire, il y en a à qui des mystères sont réservés – ses disciples - tandis que pour la plupart, cette parole reste obscure. Ce n’est pas qu’il y ait ici des « privilégiés » et d’autres qui soient délibérément laissés incrédules. Partout dans l’Evangile, le salut est accessible à tous, même à ceux qui sont intellectuellement moins dotés (Matt. 18.3 ; 19.14…). Yéchoua’ cite alors une prophétie d’Esaïe qui annonce l’endurcissement d’une partie de son peuple et le rejet du message messianique de Yéchoua’. Il faut donc sans doute comprendre que le public entourant Yéchoua’, près de la mer de Galilée, est en fait plutôt réfractaire à l’enseignement du Rabbi Yéchoua’. La parabole qu’il vient de prononcer n’est sans doute pas inintelligible pour ces hommes et ces femmes venus écouter le discoureur faiseur de miracles. Ce qui pose problème, c’est de faire bon accueil au message qu’ils ont entendu, bien plus qu’aux miracles dont ils ont été témoins. C’est ainsi que la parole du Messie Yéchoua’ devient une occasion pour beaucoup de s’endurcir davantage et ainsi d’accomplir la parole du prophète.

Les versets 16 et 17 contrastent avec ce qui précède et montrent que les disciples qui ont bien accueilli leur maître, comme le Messie qui devait venir, sont les bénéficiaires des mystères demeurés cachés aux générations précédentes de prophètes et de tsadikim, de justes. En parlant ainsi, Yéchoua’ n’élève pas ses disciples au-dessus de tous, mais témoigne au contraire d’une grâce imméritée que même ceux qui les avaient précédés n’avaient pu voir.

La semence tombée dans quatre différents terrains suggère hélas que tous ne sont pas sauvés et qu’il en demeure un grand nombre qui restent incrédules. On peut d’ailleurs établir une comparaison avec un autre midrash que l’on raconte à l’époque de Souccoth.

Il existe un commandement particulier qui consiste à lier quatre fruits ensemble en une gerbe surnommée le Loulav, du nom de l'espèce la plus grande, le palmier. Celle-ci doit être agitée devant la Soucca vers les quatre points cardinaux et également vers le haut et le bas. Ces quatre fruits sont : le loulav -le palmier ; le arava - le saule de rivière ; l’étrog – le cédrat ; le hadas – le myrte.

Dans la tradition juive, ces quatre espèces représentent en quelque sorte les différents « modèles » ou « types » de Juifs, du pieux au moins pieux, ou encore différentes attitudes vis-à-vis de la Torah. Cependant, de la même façon que ces fruits sont présentés ensembles, ces quatre attitudes  demeurent pour les rabbanim indissociables aux yeux de Dieu, comme si dans la communauté juive, il s’y trouvait (et cela est certainement vrai) des Juifs dont la piété peut être qualifiée « d’exemplaire » à « honteuse ».

Si dans le michal du semeur, les fruits du royaume sont les individus qui ont accueillis avec foi le message de salut de Dieu, dans le midrash de Souccoth, un même individu peut à certains moments recevoir positivement la Parole et la mettre en pratique et à d’autres y être plus réservé et même la rejeter. Si l’un s’inscrit dans la perspective du salut, l’autre illustre plutôt le processus de sanctification du croyant. Qui peut dire qu’il a toujours reçu la Parole avec joie et enthousiasme ?... Mais il est certain que quel que puisse être le lieu où nous nous trouvons sur le chemin qui mène à Dieu, nous ne pouvons pas rester indifférent à la Parole de Dieu, au message de la Torah, aux paroles de salut de Yéchoua’.

Finalement, le midrash de Souccoth nous permet de considérer le type de fruit que nous sommes. Ces quatre fruits ont donc des caractéristiques propres à signifier quelque chose de spirituel et forcent le croyant et l’incroyant à considérer ses voies :

  • Le myrte (hadas) sent bon mais n'est pas comestible. Il est d’une certaine manière la personne qui "oublie ce qu'elle a appris". Comme nous le résume admirablement l’évangéliste Marc (4.16 et 17) : Et pareillement, les grains qui sont semés dans les endroits rocailleux, ce sont ceux qui, quand ils ont entendu la parole, la reçoivent aussitôt avec joie et ils n’ont pas de racine en eux–mêmes, mais ne sont que pour un temps ; puis, quand la tribulation ou la persécution survient à cause de la parole, ils sont aussitôt scandalisés.
L’odeur a ceci d’être éphémère et de se dissiper au premier souffle de vent. Celui qui reçoit la Parole et ne la garde pas ne saurait plaire au Seigneur. Il ne laisse aucune trace. Il est comme un fruit impropre à être consommé. Nombreux sont ceux à nourrir beaucoup d’émotions, à s’enthousiasmer et à rechercher l’immédiateté de la foi et ses effets bénéfiques dans l’assemblée des croyants. Ils sont cependant les croyants d’un jour et dès que survient l’épreuve du quotidien, ils oublient ce en quoi ils ont cru. Les soucis, la crainte de devoir changer et corriger leur vie les effrayent et ils lâchent prise.
  • Le palmier (loulav) est comestible mais n'a pas d'odeur. Il s’agit en quelque sorte de celui qui possède la connaissance de la Torah mais sans produire la moindre œuvre. Est-il possible de cumuler une connaissance académique de la Parole sans que cela ne produise d’effet dans la vie d’un individu ?... Sans aucun doute hélas. La connaissance enorgueillit, mais l’amour édifie (1 Corinthiens 8:1). Il en est hélas beaucoup qui sont attirés par les hommes ayant de grandes connaissances de la Torah, des traditions ou de l’hébreu. Mais la connaissance ne suffit pas pour connaitre le salut de Dieu. C’est un changement de vie, une repentance véritable et un retour à Dieu qui amènent l’offrande de nos vies à être un sacrifice de bonne odeur au Seigneur, un fruit agréable à Dieu. La connaissance est importante, mais sans effet concret dans la vie de tous les jours, elle est fade et sans odeur.
 
  • Le saule de rivière (arava), quant à lui, n'a ni goût, ni odeur. D’une certaine manière et dans le contexte juif, il s’agit de celui qui est sans Torah et sans œuvres mais qui néanmoins fait partie du peuple juif. Nous en sommes solidaires et nous devons de l’intégrer au sein de la communauté afin de susciter en lui une prise de conscience et le ramener à la foi. La tradition juive a le souci de celui qui s’est éloigné de Dieu ou même qui n’a guère de préoccupations spirituelles. Le contact avec les croyants doit ramener le pécheur à un autre état d’esprit et à faire sa propre téchouva, son retour à Dieu. Que ce soit par les mots ou par des actes, même la situation de celui qui est sans saveur et sans odeur peut changer radicalement. Qui, sinon Dieu, peut faire ce miracle ?... Car il s’agit bien d’un miracle. Ce que le prophète Jérémie évoque dans des termes sans équivoque : Mais voici l’alliance Que je conclurai avec la maison d’Israël, Après ces jours–là, –– Oracle de l’Éternel : Je mettrai ma loi au–dedans d’eux, Je l’écrirai sur leur cœur ; Je serai leur Dieu, Et ils seront mon peuple. Celui–ci n’enseignera plus son prochain, Ni celui–là son frère, en disant : Connaissez l’Éternel ! Car tous me connaîtront, Depuis le plus petit d’entre eux jusqu’au plus grand, –– Oracle de l’Éternel ; Car je pardonnerai leur faute Et je ne me souviendrai plus de leur péché (Jérémie 31.33 et 34). Dieu est puissant pour agir au-delà de nos contingences et de nos limites humaines. Faisons lui confiance. Mes frères, si quelqu’un parmi vous s’égare de la vérité, et que quelqu’un le ramène, qu’il sache que celui qui aura ramené un pécheur de l’égarement de son chemin, sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés. Proverbes 10:12 , Jacques 5:19-20.
 
  • Le cédrat (étrog) est délicieux et sent bon. Nous avons gardé, si j’ose dire, le meilleur pour la fin.  Dans la tradition, ce fruit délicieux à tout point de vue, c'est le type même du Juif érudit dans la Torah qui met en pratique ce qu'il étudie. Il est en quelque sorte celui dont la semence tombe dans la terre qui porte du fruit, comme le rapporte Marc (4.20) : Et les grains qui sont semés dans la bonne terre, ce sont ceux qui entendent la parole, et la reçoivent, et portent du fruit, l’un trente, et l’un soixante, et l’un cent. Ceci étant, c’est moins l’érudition que la mise en pratique de ce qu’il reçoit en étudiant la Parole qui fait la qualité de ce croyant. Mais il est un fait que nous devons, en toute occasion, chercher à approfondir notre connaissance de Dieu au travers de sa Parole et mettre en pratique ce qu’elle nous demande.
Le michal du semeur ou le midrash de Souccoth sont pour le croyant, comme le non croyant, un vibrant appel à considérer le message de Dieu, la parole de Yéchoua’, avec la plus grande attention. Elle est puissante pour sauver celui qui est loin comme celui qui est proche et faire en sorte que nous portions du fruit.
 
Guy ATHIA

Publication du Berger d'Israël : Décembre 2012.


[1] Michal signifie en hébreu parabole.